Dans l’univers du golf, nombreux sont les joueurs qui se perdent dans la quête du swing parfait ou de l’équipement dernier cri, persuadés que la clé de leur progression se cache dans un nouveau driver ou dans un geste technique « magique » alors que la progression vient avec la préparation mentale adaptée au golf
Pourtant, la réalité du terrain est toute autre : ce qui différencie le joueur moyen du joueur régulier et performant n’est pas tant la technique que l’approche mentale, la stratégie et la façon d’organiser son entraînement.
C’est exactement le message central que développe Jon Sherman, fondateur du site Practical Golf, dans son ouvrage The Foundations of Winning Golf. Ce livre est devenu une référence pour tous ceux qui veulent progresser de façon pragmatique, en mettant l’accent sur les véritables leviers de performance accessibles à l’amateur.
En tant que préparateur mental, je retrouve dans ce livre de nombreux principes que j’enseigne aux sportifs : l’importance des routines, la gestion de l’erreur, la lucidité face aux probabilités, mais aussi le plaisir de jouer sans pression inutile. Dans cet article, je vous propose de découvrir les grandes thématiques développées par Sherman et en quoi elles constituent une véritable « fondation » pour qui souhaite bâtir un golf gagnant.
Changer son état d’esprit : accepter l’imperfection
Jon Sherman commence par s’attaquer à une illusion très répandue : celle d’un golf sans faute. Les joueurs amateurs se jugent souvent trop sévèrement, comme s’ils devaient « réussir » chaque coup. Or, même les professionnels ratent régulièrement. La différence est qu’ils savent gérer leurs erreurs et rebondir immédiatement.
Accepter que le golf est un jeu d’imperfections permet de libérer une énorme pression. L’objectif n’est plus de ne jamais se tromper, mais de limiter les dégâts lorsque l’erreur survient. Cette approche change complètement la relation au parcours : on arrête de s’énerver après un coup raté et l’on reste concentré sur ce que l’on contrôle.
C’est un enseignement fondamental en préparation mentale : plus on accepte l’incertitude, plus on reste efficace et disponible dans l’instant présent.
La gestion de parcours : jouer intelligent plutôt que parfait
Une autre idée forte du livre est celle de la stratégie de jeu. Beaucoup d’amateurs attaquent les drapeaux, prennent des risques démesurés et se retrouvent à accumuler les doubles ou triples bogeys. Sherman insiste sur la nécessité de comprendre les probabilités :
- viser le centre du green plutôt que le drapeau,
- accepter de sortir avec deux putts,
- préférer un coup sûr qui laisse une approche facile plutôt qu’une tentative héroïque qui finit dans l’eau.
La gestion de parcours, c’est savoir « perdre moins » plutôt que « tout gagner ». L’idée peut sembler moins glamour, mais elle est diablement efficace. En réduisant simplement le nombre de coups catastrophes, la carte de score s’améliore naturellement.
Le jeu court : la zone où tout se décide
Si l’on devait résumer le message de Sherman en une phrase, ce serait sans doute celle-ci : « Le petit jeu est le grand secret du golf gagnant. »
Putting, approches roulées, sorties de bunker : ces coups courts représentent une majorité de coups joués dans une partie, mais paradoxalement, ils sont souvent les moins travaillés par les amateurs.
Sherman encourage à développer une routine simple et répétitive :
- s’entraîner à éviter les trois putts,
- devenir fiable dans les approches de 30 à 50 mètres,
- apprendre à sortir proprement du bunker sans chercher la perfection.
C’est en renforçant ces bases que l’on économise le plus de coups sur une partie. En préparation mentale, ce focus sur le jeu court a aussi une vertu : il redonne confiance, car le joueur a le sentiment de « sauver » son score régulièrement.
Le swing : trouver un geste reproductible, pas parfait
Contrairement à d’autres auteurs, Sherman ne cherche pas à imposer un modèle unique de swing. Sa philosophie est claire : le swing parfait n’existe pas. Chaque joueur a une morphologie et un style qui lui sont propres.
Ce qui compte, c’est la reproductibilité : avoir un mouvement assez fiable pour produire des trajectoires prévisibles et gérer la dispersion. Le rôle du travail technique est donc d’offrir de la cohérence, pas une esthétique de magazine.
Cet état d’esprit évite la spirale de la frustration : au lieu de chercher constamment à « corriger » son swing, le joueur apprend à jouer avec son style, en l’optimisant.
Préparation mentale, la puissance des routines mentales
L’un des chapitres les plus marquants du livre est consacré aux routines. Sherman rappelle qu’avant chaque coup, le joueur doit mettre en place une séquence mentale et physique identique :
- respiration,
- visualisation de la trajectoire,
- alignement,
- déclenchement du swing.
Cette routine agit comme un ancrage. Elle permet d’automatiser la concentration et d’éviter les fluctuations mentales liées au score, au trou précédent ou à la pression du moment.
Tout aussi important : savoir « effacer » un mauvais coup. Le joueur entraîné mentalement est capable de réinitialiser son esprit et de se présenter au coup suivant comme si rien ne s’était passé. C’est une compétence clé qui distingue les joueurs réguliers des joueurs instables.
Pratiquer intelligemment : la clé de la progression
L’entraînement est un autre grand cheval de bataille de Sherman. Selon lui, la plupart des amateurs « pratiquent mal » : ils tapent des séries de balles au practice sans objectif précis.
À l’inverse, il propose une approche de pratique différenciée :
- varier les cibles,
- simuler des conditions de parcours,
- alterner les clubs et les distances.
Mieux vaut 30 minutes d’entraînement concentré et réaliste que deux heures mécaniques. C’est ce qui permet de transférer les acquis du practice au parcours, là où tout se joue.
Mesurer ses progrès : l’importance des statistiques
Sherman insiste également sur l’importance des données. Beaucoup de golfeurs se fient à leurs impressions : « Je putte mal » ou « Mon driver est catastrophique ». Mais en analysant les statistiques — fairways touchés, greens en régulation, nombre de putts — on se rend souvent compte que les points faibles ne sont pas ceux que l’on croyait.
Ce suivi objectif permet de cibler précisément les axes de travail et de constater les progrès au fil du temps. C’est une approche très proche de celle utilisée en préparation mentale : mesurer pour ajuster, plutôt que subir ses sensations.
L’attitude gagnante : patience et plaisir
Enfin, Sherman conclut sur ce qui fait la véritable différence : l’attitude. Le joueur qui sait rester patient, qui ne se laisse pas emporter par la colère ou l’ego, qui accepte de jouer « intelligemment » plutôt que « brillamment », sera toujours plus régulier.
Le golf est un sport exigeant, parfois cruel, mais aussi profondément gratifiant. En adoptant les fondations du « winning golf », chacun peut progresser, prendre davantage de plaisir et s’épanouir dans son jeu.
Un livre pour tous les amateurs ambitieux
The Foundations of Winning Golf n’est pas un manuel technique parmi d’autres. C’est un guide pratique qui recentre le joueur sur ce qui compte vraiment : la mentalité, la stratégie, la pratique et les routines.
En tant que préparateur mental, je retrouve dans ce livre une philosophie que j’applique au quotidien : celle d’un golf réaliste, accessible et surtout durable.
Si vous êtes golfeur amateur et que vous cherchez à progresser sans vous perdre dans la quête illusoire de la perfection, alors les enseignements de Jon Sherman constituent une véritable boussole. Car le golf gagnant, au fond, commence toujours par l’esprit.
